La gargouille
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L'église Notre-Dame de Dijon, gothique, a été construite dans un espace assez étroit dans la vieille ville, entre le XIIe et le XIVe siècle. Elle offre une façade plane de 3 étages dont le premier s'ouvre en porche par trois arcades. Au-dessus, deux galeries d'arcatures soulignées de 3 rangées de 51 gargouilles. Gargouilles si l'on veut, puisqu'elles ne recrachent pas les eaux de pluie sur les passants. Elles ont bien une gorge - c'est le sens du vieux mot "garg" - mais elle n'est pas percée !
Les Dijonnais vous raconteraient volontiers la légende de l'usurier qui reçut une gargouille sur la tête comme il entrait à N-D pour s'y marier et en mourut ! Toutes les gargouilles auraient été enlevées sur la demande de la corporation des usuriers, au XIIIe siècle.. Elles furent sans doute plutôt retirées par prudence.
Leur restauration et leur rétablissement datent de 1880-1882. Quelque 20 ans après, un vicaire, le jeune Félix KIR, se fit aider de son sacristain pour les photographier après avoir dressé des échelles. En 1905,des cartes postales furent imprimées, agrémentées de quatrains ou de distiques du vicaire, signés F K. Des vers de mirliton !
" De tout temps les voisins,
Animaux comme humains,
Le cœur toujours rempli de méfiance,
Se regardent entre eux comme chiens de faïence."
Mais, à dire vrai, c'est un autre poème qui a suscité mon propos, La Gargouille, d'un poète trop peu connu.
La Gargouille
Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher.
Je ne sais qui vint m'y percher...
Mes souvenirs, le temps les brouille.
Sous moi, très bas, la foule grouille.
De mon haut je la vois marcher...
Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher.
Quand il pleut fort, j'aime à pencher
Sur les gens que l'averse mouille
Mon bec crochu. J'aime à cracher,
Sur eux, mon eau pleine de rouille.
Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher.
Jean de La Ville de Mirmont
1886-1914
Le poète a composé un rondel à la mode du Moyen Âge : 2 quatrains, 1 sizain avec refrain.
Jean de La Ville de Mirmont
a un destin qui évoque quelque peu Alain-Fournier. Ils sont parfaitement contemporains et sont morts aux premières balles de la Grande Guerre, l'un en octobre, l'autre en décembre. Alain-Fournier a publié son unique roman en 1913, Jean de La Ville de Mirmont en 1914. Mais ils n'ont pas connu le même succès.
Le recueil de poèmes "L'Horizon chimérique" sera publié post mortem par les soins de sa mère et devra sa notoriété à Gabriel Fauré qui les mettra en musique. (Cf. "La mer est infinie...")