Le Moretum
Virgile, le poète latin contemporain d'Auguste, vient d'être l'objet du 603ème volume de La Pléiade. Le choix est intéressant à l'heure où l'on remet en cause l'enseignement du latin. Je lis que s'est ouverte une querelle au sujet de l'oeuvre de Virgile, ou plutôt du sens profond de sa création : n'aurait-il pas été un simple chantre au service de Mécène pour obéir au pouvoir ?
à moins qu'au-delà de l'apparente servitude il ait exprimé au second degré une habile critique que ses non moins habiles lecteurs aient pu lire entre les lignes ? Mon savant professeur de latin, Eugène de Saint-Denis, n'est plus là pour me répondre.
J'aime feuilleter les anciens livres de français. J'ai en main une publication de 1964 chez Fernand Nathan. "Vers et Prose" des professeurs agrégés Rouger, France et Hubac pour la classe de 5ème.
Ils répondent au programme du 7 mai 1963 avec en lectures supplémentaires, "Contes et récits traduits d'auteurs anciens et d'auteurs étrangers, concernant la période romaine et le Moyen Âge."
C'est ainsi que je retrouve le Moretum. On l'a attribué parfois à Virgile, sans doute à tort. Quel plaisir néanmoins de retrouver le bon Simylus - qu'on traduit en français par Camuset! - le paysan tôt levé, qui fait son pain avant de partir au labour. Puis le voici qui broie dans un mortier de l'ail (quatre têtes !) du fromage sec, des herbes aromatiques - rue, coriandre - avec de l'huile d'olive et un filet de vinaigre...
Un mets de la famille de l'aïoli !
Et j'aimais cette phrase "Sûr de manger ce jour-là à sa faim", pour conclure le récit.
Les élèves de 5ème y prenaient-ils plaisir ? Je l'espère.