George Sand quittait Nohant il y a 140 ans...
Voici le texte que vient de me communiquer Philippe Baudin-Gardenet, fervent admirateur de la Dame de Nohant. C'est à lui que nous devions le récital consacré aux amours majeures qui lièrent George Sand et Frédéric Chopin.
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Jeudi 08 juin 1876, à Nohant.
Sur les trois heures du matin, Maurice, marchant sans bruit, se présenta sur le seuil de la porte. Madame Sand le vit aussitôt et s’écria : « Non, non, va-t’en. »
A plusieurs reprises elle dit à ceux qui l’entouraient :
« Ayez pitié, mes enfants ; ayez pitié ! » Vers six heures du matin, la malade cherchant du regard la lumière, Madame Clésinger changea la direction du lit de façon que sa mère eût la fenêtre en face.
Il y avait à ce moment près d’elle : Madame Lina, Madame Clésinger, René Simonnet, M. Cazamajou et le docteur Favre. Le docteur Pestel s’était éloigné à quatre heures, jugeant d’après le pouls de la malade que l’existence se prolongerait pendant vingt-quatre heures environ.
Tout à coup, elle dit d’une façon à peine intelligible :
« Adieu, adieu, je vais mourir. Adieu Lina, adieu Maurice, adieu Lolo, ad… », voulant certainement ajouter : adieu Titite, mais elle ne le put. Puis elle murmura peu après :
« Laissez verdure. »
Quelques instants s’écoulèrent, puis elle prit la main de Solange et la porta à sa bouche en faisant le simulacre de mordre. Sa fille lui demanda si elle voulait manger. Elle fit signe que oui. On lui fit avaler péniblement une ou deux petites cuillerées de bouillon. Alors le regard devint fixe et terne, la respiration laborieuse, et elle s’éteignit ainsi à dix heures du matin.
Au moment où elle allait expirer, Madame Lina, Solange, MM. Simonnet et Cazamajou s’étaient agenouillés auprès de son lit. Le docteur Favre fit de même. Dès que la malade eut rendu le dernier soupir, le docteur Favre se redressa, et levant la main au-dessus du corps de George Sand, il dit avec force :
« Tant que je vivrai, votre mémoire ne sera jamais souillée. »
Henry Harrisse.
Sous le lustre de Venise, la belle table où s'assirent tant d'auteurs célèbres, de Balzac à Tourgueniev, Flaubert, mais aussi Delacroix, Liszt, Chopin.