Fanatisme

Publié le par P@ule

Voltaire (1694-1778)  par Quentin de La Tour

Voltaire (1694-1778) par Quentin de La Tour

Le mot fanatisme est dérivé du latin fanaticus et par conséquent de fanum , lieu consacré, temple. L'adjectif latin se traduit par exalté, enthousiaste. Mais avec ce sens fort : est enthousiaste celui qui est possédé par Dieu.

Article du Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire (1764)

Fanatisme
Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l'amour de Dieu...
Nos lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage... ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les habite est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre.
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui en conscience est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?

Voltaire voulait écraser l'infâme, c'est-à-dire la religion chrétienne et comme remède à ladite maladie il proposait l'esprit philosophique pour rendre l'âme tranquille.

Apparemment la question reste posée. Et les débuts de réponse que nous entrevoyons ces temps-ci me rappellent le professeur Max Milner présentant Péguy et sa Jeanne d'Arc, drame de 1897.

Charles Péguy (1873-1914) par Jean-Pierre Laurens

Charles Péguy (1873-1914) par Jean-Pierre Laurens

Péguy peint la petite bergère de Domrémy, Jeannette, désespérée des malheurs de son temps où les soldats partout vont à l'assaut des bourgs, forcent les églises...

A l'idée que ces hommes seront damnés, en un sursaut de charité, elle est près d'offrir son âme aux flammes éternelles pour les sauver eux de la damnation ...

Et Madame Gervaise la tance : Taisez-vous, ma sœur, vous avez blasphémé.

L'acte se termine sur cette prière plus réaliste - qui nous ramène au XVe siècle :

Je vous prie pour le mont vénérable de monsieur saint Michel...
En attendant un bon chef de guerre qui chasse l'Anglais hors de toute France, délivrez les bons chevaliers de monsieur saint Mic
hel.

C'est elle qui deviendra le bon chef de guerre, mais quoi, il ne s'agissait pas de fanatisme. Le bon saint Michel qui demeure au péril de la mer océane peut-il nous libérer, mieux que l'esprit philosophique des fanatismes contemporains ?

Monsieur saint Michel au péril de la mer.

Monsieur saint Michel au péril de la mer.

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P
Le fanatisme est symbole de brutalité, de violence extrême, une pathologie extrêmement dangereuse dans la société, pour l'Homme, l'Humanité : de Voltaire (et bien avant) au 21ème siècle, la religion du "moi", plus que la foi (un vrai croyant ne tue pas au nom de son Dieu), pourrait donner, à d'autres illuminés, un semblant d'héroïsme aux assassins, mais leurs actes tellement lâches, barbares, odieux, en font des zombies sans âme avec un optimisme imprudent, ou inconscient, en espérant la reconnaissance céleste... Une autre religion, celle des Droits de l'Homme et de l'Etat de Droit, symptomatique d'un sado masochisme ambiant et collaborateur, met à mal et déshonore nos vrais héros, anciens combattants et résistants qui se sont battus dès la guerre déclarée contre l'invasion nazie. Bon, je suis un peu ""sorti" de la poésie et de la littérature, si chers à ce blog pour notre plus grand bonheur :-( C’était un cri du cœur ! La photo du bon Saint-Michel, au péril de la mer, m'apaise. Connaissez-vous un bon Saint au péril de la mère Patrie ? ;-)
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C
L'esprit philosophique de Voltaire qui prévaut encore aujourd'hui montre ses limites face à l'islamisme. Courage et foi, c'est ce qu'il nous reste.
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