De trois grands Rois qui partaient en voyage...
Épiphanie
Donc, Balthazar, Melchior et Gaspar, les Rois Mages,
Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux
Et suivis d'un très long cortège de chameaux
S'avancent, tels qu'ils sont dans les vieilles images.
De l'Orient lointain, ils portent leurs hommages
Aux pieds du fils de Dieu, né pour guérir les maux
Que souffrent ici- bas l'homme et les animaux.
Un page noir soutient leurs robes à ramages.
Sur le seuil de l'étable où veille saint Joseph,
Ils ôtent humblement la couronne du chef
Pour saluer l'Enfant qui rit et les admire.
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus Caesar,
Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe,
Les Rois Mages, Gaspar, Melchior et Balthazar.
José-Maria de Hérédia
Sous un ciel de lune, clarté oblige, les mages sont arrivés à l'appel du Dieu étoilé.(...) étrangers, astronomes, astrologues, magiciens, voyants, nomades et, pourquoi pas, rois des tribus. Une couronne d'allure ducale semble l'indiquer (...) La Vierge est dans son univers... Le décor ne la surprend pas. L'or est à ses pieds, déjà presque oublié ; la colonne - emblème des palais et des sénats où le pouvoir s'exerce - est renversée ; les visiteurs, aussi étranges qu'ils puissent apparaître, ne la déstabilisent pas...
Extrait de L'Art de la Miséricorde . M-M Zanotti-Sorkine. Edition Artège 2016
L'Epiphanie, ou Fête des Rois, est sans doute l'héritage d'une fête païenne liée au retour de la lumière et du soleil. Elle est fixée au 12ème jour après Noël, le 6 janvier, quand les jours s'allongent d'une manière plus sensible, même si la Ste Luce près du solstice d'hiver annonçait déjà ce renversement de la saison.
Le mot épiphanie désigne en grec ce qui apparaît, ce qui se manifeste : ainsi se manifeste aux mages dans un cadre bien réel le domaine du divin en la personne du petit enfant Jésus. Toute l'Europe chrétienne fête ce moment de façons bien différentes. J'ai eu l'occasion d'évoquer ici la coutume allemande que Konstanze a précisée depuis. Ajouterai-je que Konstanze habite à Traunstein, la ville où naquit Benoît XVI dans cette Bavière toute proche de la frontière autrichienne.
Le 6 janvier les enfants vont d'une maison à l'autre, vêtus comme les mages des pays d'Orient et chantent des cantiques, quêtant pour les nécessiteux. Ils ont l'encens, la myrrhe et quelque chose en or ( leur médaille ?) et bénissent chaque maison.
Avec une craie qui a été bénie ils écriront en guise de bénédiction 20 * C+M+B+17 sur la porte ou sur le linteau. Ce qui signifie : en 2017 Caspar, Melchior et Balthasar étaient là. Ou bien Christus Mansionem Benedicat (Christ bénit cette maison). Les trois croix symbolisent Père, Fils et Saint-Esprit. Et l'étoile rappelle celle de Bethléem.
Et puisque Konstanze ne connaît pas la tradition française de la galette des Rois ...
Dans la pâte feuilletée fourrée d'une crème d'amande on cache une fève - petit personnage en porcelaine - qui désignera celui ou celle qui l'a trouvée comme le roi - ou la reine ! Alors on boira à sa santé ! "Le roi boit !"
Mais dans la tradition provençale il s'agit d'une brioche en forme de couronne. De même au Portugal on offre Bolo Rei, une brioche fourrée de fruits confits.
Je ne saurais clore ces images de l'Epiphanie sans faire référence une fois encore au sculpteur de la cathédrale St-Lazare d'Autun. L'an dernier j'avais proposé le "Réveil des Mages", voici un autre chapiteau.