Théophile
Théophile
Quelle est l'incurable maladie de Théophile ? Elle lui dure depuis plus de trente années, il ne guérit point : il a voulu, il veut et il voudra gouverner les grands ; la mort seule lui ôtera avec la vie cette soif d'empire et d'ascendant sur les esprits. Est-ce en lui zèle du prochain ? est-ce habitude ? est-ce une excessive opinion de soi-même ? Il n'y a point de palais où il ne s'insinue [...] Il écoute, il veille sur tout ce qui peut servir de pâture à son esprit d'intrigue, de médiation et de manège. A peine un grand est-il débarqué, qu'il l'empoigne et s'en saisit.
Tel est le portrait que La Bruyère (1645-1696) dresse de Gabriel de Roquette dans ses Caractères publiés en 1689. Sans doute faut-il rappeler que La Bruyère fut le précepteur du petit-fils du Grand Condé, le futur duc d'Enghien. A ce titre il fut logé tantôt à l'hôtel de Condé à Versailles, tantôt au château de Chantilly. Il eut tout loisir d'observer la morgue des Grands, leur esprit féroce, leur mépris à l'égard des obscurs.
Les Caractères édités sans nom d'auteur paraissent à partir de 1687. Les portraits - caractères à proprement parler - ne figurent qu'à partir de la 4ème édition en 1689 (700 portraits environ !). Le succès fut tel qu'on attendait chaque publication et qu'on essayait d'identifier la personnalité cachée sous chaque "caractère" !
Gabriel de Roquette mourait il y a 310 ans le 23 février 1707. Il était né à Toulouse en 1624 (?) et fut ordonné en 1662. Le 1er mai 1666 le voici nommé évêque d'Autun pour un long temps (36 ans). Il quittera sa bonne ville le 22 juillet 1702, sans savoir qu'il n'a pas cinq ans de vie devant lui.
Pourtant, si l'on croit les contemporains qui l'ont vu peint en Théophile, nous pouvons en déduire qu'il a dû être plus souvent à Paris et à Versailles qu'à Autun, tout bien considéré. Mais ses années épiscopales autunoises ont été bénéfiques à la ville car il l'a dotée de beaux bâtiments - hélas sans doute au détriment du théâtre romain devenu pour lors une belle carrière !
Le concile de Trente qui dura vingt ans au milieu du XVIème siècle instaura l'établissement de séminaires pour former les prêtres. Gabriel de Roquette fonda donc pour obéir aux prescriptions du concile un grand séminaire en 1667 dans une maison de chanoines de la rue St-Quentin, c'est-à-dire tout près de l'abside de la cathédrale. Et il entreprit aussitôt de construire un nouvel édifice près de la place des Marbres où serait transféré le grand séminaire.
Le Séminaire de la ville d'Autun fut établi par les soins de Gabriel de Roquette Évêque d'Autun le 16 du mois d'octobre de l'année 1667. Louis le Grand confirma cet établissement par les lettres patentes de la même année, & en celle de 1679 les bâtiments furent achevés. La Compagnie de saint Sulpice de Paris en prit le gouvernement le 13 septembre de l'autorité du même évêque.
Extrait de Autun chrétien la naissance de son église... Autun 1686.
Un des fleurons de la ville d'Autun est donc ce bel ensemble architectural classique qui deviendra une école de cavalerie, puis un collège militaire et enfin un lycée militaire préparatoire.
Trois corps de bâtiments en U, modèle de l'équilibre classique. Le cloître a été construit beaucoup plus tard.
Il y avait à Autun un hôpital ancien dont l'ouvrage précédemment cité dit :
Cet Hospital fut anciennement basti par la charité des Fidelles, & dotté par les aumosnes de plusieurs habitans de la ville d'Autun. Ses bastimens avoient une estenduë très- mediocre, pour recevoir le nombre de malades de cette Ville...
C'est l'hôpital St-Antoine qui devint le grand séminaire - aujourd'hui maison de retraite du clergé. Car Gabriel de Roquette fit construire un nouvel hôpital lequel il plaça sous le vocable de Saint-Gabriel.
L'Hôpital General de la ville d'Autun fut establi sous le tiltre de S. Gabriël au mois d'aoust de l'an 1668 par les soins de Gabriel de Rocquette Evesque d'Autun, & en vertu des lettres de Loüis le Grand, expediées & verifiées au Parlement de Dijon la mesme année. (ibidem)
De l'hôpital Saint-Antoine il ne reste que la chapelle en bordure de la rue Saint-Antoine et le vieux bâtiment qui la jouxte à angle droit.