Laure, donna Laura, muse de Pétrarque.
François Pétrarque est né le 20 juillet 1304, dans l'exil, au temps des luttes en Italie entre Guelfes et Gibelins - et particulièrement à Florence. A neuf ans il découvre Vaucluse et deviendra un familier de la cour papale à Avignon, où l'on cultive la poésie.
Le 6 avril 1327, Pétrarque sort de l'église Sainte-Claire d'Avignon : il est subjugué par une jeune femme sous le porche : Laure, divine apparition. Elle est vêtue d'une robe de soie verte parsemée de violettes. De cet instant, elle devient sa donna, sa dame.
C'est Laure, que nous appellerons Laure de Noves du nom de son père, même si les biographes sont en désaccord sur son patronyme - notamment depuis que Sade l'a identifiée dans sa généalogie.
Pour elle Pétrarque écrit le Canzoniere, recueil de sonnets inspirés de cet amour idéalisé, Laure étant mariée.
Béni soit le jour et le mois et l'année
La saison et le temps, l'heure et l'instant,
Et le beau pays, le lieu où fus atteint
Par deux beaux yeux qui m'ont tout enchaîné.
Pétrarque écrit en 1338 à G. Colonna :
Il est dans mon passé une femme remarquable connue des siens par sa vertu et sa lignée ancienne et dont l'éclat fut souligné et le nom colporté au loin par mes vers. Sa séduction naturelle dépourvue d'artifices et le charme de sa rare beauté lui avaient jadis livré mon âme.
Mais puisque Laure est distante, inaccessible, le poète cherche la solitude de Vaucluse, vallis clausa, la vallée close. Aucun endroit ne convint mieux à mes études... J'ai passé à Vaucluse mes meilleures années et les instants les plus heureux de ma vie...
Laure est morte -sans doute de la peste- le 6 avril 1348, jour anniversaire de la première rencontre. Le poète l'apprendra à Vérone le 19 mai. Sur le verso de la page de garde de son Virgile il écrivit :
Laure, remarquable par ses vertus propres et longtemps célébrée dans mes vers, est apparue pour la première fois à mes yeux, au temps de ma jeunesse en l'an de grâce 1327, le 6 avril, en l'église Sainte-Claire d'Avignon à la première heure du jour ; et dans la même ville, au même mois, au même 6ème jour et à la même première heure en l'an 1348, cette éclatante beauté fut soustraite à la lumière du jour. Ce corps si chaste et si beau de Laure fut enseveli au couvent des frères mineurs, le jour-même, au coucher du soleil.
Le matin du 20 juillet 1374, jour anniversaire de sa naissance, on trouva le poète la tête invlinée sur son livre. On crut qu'il dormait : il était mort à sa table de travail, à Arqua.
Hommage aux deux pianistes qui ont joué tout l'après-midi du lundi 24 avril 2017 pour honorer Bernard Bertrand qui venait de rejoindre la Maison du Père et pour adoucir la peine de ceux qui le pleuraient :
Laure Rivierre à Paris, Maurizio Prosperi à Rome.
Comment ne pas songer aux derniers mots de Chopin :
Vous ferez de la musique ensemble, vous penserez à moi et je vous écouterai.