Ludwig Richter, autre voyage immobile, dans le temps...
C'est Xavier, qui, sachant combien j'ai aimé les gravures de Ludwig Richter, a choisi cette reproduction dans la Pinakothek de Munich et me l'a envoyée. Mais je ne connaissais que les gravures, en noir et blanc, qui illustraient mes manuels d'allemand et me faisaient rêver !
C'était encore au temps des Bodevin-Isler, ces deux agrégés d'allemand qui avaient conçu une collection pour tous les niveaux d'enseignement avec, à chaque chapitre, un texte d'auteur approprié au niveau de l'élève et une leçon de grammaire simple, où les plans permettaient de retenir les conjugaisons, les déclinaisons, le système compliqué de l'accord de l'adjectif... Mais de temps en temps intervenait un chant, un poème ! Naturellement le poème Erlkönig n'apparaissait pas en 5ème, mais il y avait Alle Vögel sind schon da pour donner du cœur à l'ouvrage. Si bien que toute une vie durant on pouvait chantonner l'air du Tilleul ou de Röslein, la petite rose sur la lande !
L'Allemagne est le pays des contes. On dit que les pays de l'Est, pays des brumes, ont favorisé l'imaginaire. On voit ici la conteuse, une grand-mère qui charme les enfants de ses récits. Et je me souviens de boîtes contenant des pains d'épices de Nuremberg or'ées de reproductions de Richter.
La peinture sur laquelle s'ouvre ce blog illustre bien la force imaginative du peuple. Richter a peint le mont Watzmann qui domine Berchtesgaden en Haute Bavière. Les anciens Bavarois l'ont assimilé au géant cruel Watzmann, pétrifié en montagne ainsi que sa femme et ses enfants.
Voilà de quoi parler à l'imagination de l'élève qui s'ennuie et qui rêve sur son livre ouvert. Une maison du moyen âge , un tonnelier qui observe le temps, une femme au puits, des enfants, la toupie qui intéresse le chien, les oiseaux, quelle évasion !
L'arbre de Noël est là, décoré de bougies et de pommes. Et la fillette a une poupée. Le dessin est parfait. Je lis que ses illustrations sont des gravures sur bois. Une telle perfection, sur bois ?
C'est une fille du Ciel ? Qui veille sur le petit monde qui veille ou qui dort. La lune, le clocher, le hibou et un toit protecteur. Tout est en paix !!!
Je n'ai pas retrouvé sur internet l'image du Wanderer, le symbole du romantisme allemand, thème par excellence des poètes, et des musiciens qui les illustrent. Il y avait là une harmonie entre les hommes et la nature, l'image d'une vie quotidienne heureuse.
Je ne pouvais ignorer cette toile peinte qui a eu la médaille d'argent lors de l'Exposition Internationale de Paris en 1859, même si elle ne figurait pas dans mes livres !
Serait-ce par hasard sous l'influence des paysages de Richter que j'aimais tant les faïences dites de Burgenland aux paysages romantiques ?