Mes universités...
Mes universités, c'était pas Censier, c'était pas Jussieu, c'était pas Nanterre...
Ainsi chantait Philippe Clay en 1971 en réponse aux meneurs de 1968. Ses universités, chante-t-il, "c'était l'pavé d'Paris", mais sans doute pas celui qu'on arrachait pour monter des barricades...
Les amoureux des Brigades du Tigre se souviennent de sa voix dans "La Complainte des Apaches" sur une musique de Claude Bolling.
La Sorbonne au XVIe siècle
La Sorbonne porte le nom de son fondateur, Robert de Sorbon, à qui on donne selon l'usage le nom de son village, Sorbon dans les Ardennes. Il y était né en 1201, le 9 octobre. Fils de paysans, il est venu étudier la théologie dans cette part de Paris qu'on appelait le "pays latin". Il était si pauvre qu'il demandait l'aumône pour pouvoir recevoir l'enseignement d'un magister, et acceptait comme les autres escholiers les rigueurs extrêmes de l'étude dans l'espoir d'obtenir un jour un bénéfice de l'église.
Plan ancien montrant sous la flèche rouge l'ancienne rue Coupe Gueule plus tard rue de Sorbonne.
Devenu docteur de l'Université, il acquit une telle réputation pour ses sermons et conférences qu'il devint chapelain du roi Louis IX, saint Louis. Il tente alors de venir en aide à ceux qui sont dans la misère et qui étudient.
Blanche de Castille, régente en l'absence du roi parti pour la 7e croisade, lui donne une maison et les écuries attenantes ayant appartenu à Jean d'Orléans, sises dans la rue Coupe-Gueule devant le palais des Thermes, le 21 octobre 1250.
Acte manuscrit du don de bâtiments à Robert de Sorbon.
La fondation du collège de Sorbon date donc de 1254 environ. En 1257 le roi y ajoute des bâtiments attenants, par un acte passé au mois de février, don royal au chanoine Robert de Sorbon : "domum qui fuit Johanni de Aurelianum cum stabulis in vico de coupe gueule"...
Il s'ouvrit alors une ère de fondations de plus de 50 collèges à l'imitation de celui de Sorbon dans le siècle qui suivit, dont chacun recevait environ 25 écoliers. Les leçons se donnaient ailleurs, chez le magister, dans la rue du Fouarre (= du fourrage). Le principal du collège les y conduisait. Ni tables ni bancs, ni livres. Seul le maître, installé dans sa chaire, a un livre dont il fait lecture. Les écoliers sont assis dans la paille.
Les écoliers pauvres non boursiers sont appelés "martinets" sans gîte, vivant de mendicité, et de l'espoir d'être un jour "doctor parisiensis".
Le régime est très sévère : la férule et le fouet à qui ne respecte pas le règlement, sans pitié.
Puis, au XVe siècle, les maîtres allèrent enseigner dans les collèges. L'imprimerie s'installa en Sorbonne... C'est au XVIIe siècle que Richelieu fit reconstruire l'ensemble des bâtiments et la Chapelle.
Le voilà le magister avec la férule dont il n'hésite pas à frapper les escholiers jusqu'au sang...